Tout ce que je perds crée de l’espace pour ce dont j’ai besoin
- Laure MartinakTaillandier

- 28 août
- 4 min de lecture

On associe souvent la perte à un vide douloureux, à quelque chose qui nous manque. Pourtant, si nous changeons notre regard, il est possible d’y voir autre chose : non pas une fin, mais une ouverture. Comme si chaque départ, chaque détachement, chaque objet ou croyance que nous laissons aller, créait en nous un espace prêt à accueillir une nouvelle part de vie.
La phrase « Tout ce que je perds crée de l’espace pour ce dont j’ai besoin » nous rappelle qu’au cœur du manque peut se cacher une invitation, un souffle de renouveau.
Faire le vide pour faire le plein
Perdre n’est pas toujours synonyme de se diminuer. Parfois, c’est au contraire se rendre plus léger. Dans le concret, cela paraît évident : si nous ne vidons pas nos placards, il est impossible d’y accueillir quelque chose de nouveau. Se séparer, donner, recycler ce qui ne nous correspond plus n’est pas un appauvrissement, mais un allègement. C’est une façon de libérer de l’espace pour que d’autres formes de vie, plus ajustées à notre présent, puissent entrer.
On pourrait aussi l’imaginer comme l’air d’une pièce fermée. Au départ, cet air est respirable, mais s’il ne circule pas, il devient lourd, étouffant. Ouvrir la fenêtre et laisser entrer l’air neuf redonne souffle et vitalité.
Ainsi, la circulation, la fluidité, le mouvement sont essentiels pour que la vie puisse s’expanser. Tout ce qui stagne finit par peser ; tout ce qui circule, lui, redonne souffle et élan.
Les chemins d’âmes qui se croisent
La même dynamique existe dans nos relations. Certaines personnes entrent dans nos vies pour un temps, pour nous accompagner, nous faire grandir, parfois même nous bousculer.
Puis, quand leur rôle est accompli, les chemins se séparent, ou s’éloignent.
Ces séparations peuvent être profondément douloureuses, surtout lorsque nous y résistons. Pourtant, derrière la peine se cache parfois une forme de sagesse, comme un cadeau mal emballé. Un deuil, une rupture, un éloignement viennent souvent comme un appel de notre âme — qu’on l’appelle soi divin, soi supérieur, ou autrement — à revenir vers nous-mêmes. Ils nous invitent à accueillir la douleur, à la laisser nous traverser, puis à rencontrer la personne la plus essentielle de notre vie : nous-mêmes.
Découvrir qui je suis vraiment. Quelle est mon unicité dans ce monde ? Quelles sont mes missions profondes ?
Oui, certains départs sont terriblement douloureux pour notre personnalité, parfois même semblent insurmontables. Mais lorsqu’ils sont vécus avec conscience et douceur envers soi, ils peuvent devenir des passages salvateurs. Peu à peu, de nouvelles voies se dessinent : d’abord dans la relation que nous entretenons avec nous-mêmes et dans les priorités que nous choisissons pour notre vie, puis à travers de nouvelles rencontres, avec des êtres venus nous accompagner sur ce chemin renouvelé.
Et parfois, ceux qui s’étaient éloignés de nous évoluent également de leur côté. Alors, la vie permet des retrouvailles, non pas pour rejouer l’ancien, mais pour créer ensemble du nouveau.
Chaque départ, même s’il nous semble dur à accepter, porte en lui une invitation : celle d’ouvrir l’espace pour de nouvelles connexions.
Les croyances et fidélités invisibles
Il n’y a pas que dans nos placards ou nos relations que nous faisons de la place : cela se joue aussi à l’intérieur de nous. Parfois, ce sont des croyances qui nous encombrent. Elles ont pu nous protéger à un moment de notre vie, nous aider à tenir debout ou à nous adapter. Mais si elles restent figées, elles finissent par devenir limitantes : « je ne suis pas capable », « je dois toujours plaire », « je n’ai pas le droit de… ». Lorsque nous les laissons se dissoudre, un espace immense s’ouvre en nous, prêt à accueillir d’autres possibles.
Il existe aussi des fidélités invisibles : à notre famille, à nos ancêtres, à une histoire qui ne nous appartient pas toujours. Elles sont parfois belles, empreintes de loyauté et d’amour, mais elles peuvent aussi nous retenir dans des chemins qui ne sont pas les nôtres. Se libérer de ces liens ne veut pas dire renier ou trahir : c’est honorer ce qui a été transmis, tout en choisissant de tracer sa propre route.
Chaque fois que nous déposons une croyance ou une fidélité devenue trop lourde, nous retrouvons un peu plus d’espace intérieur. Et dans cet espace, une transformation peut se déployer. C’est là que naît le souffle du renouveau, celui qui nous rapproche de ce que nous sommes vraiment.
En réalité, la perte n’est jamais qu’un passage, parfois difficile, parfois douloureux, mais porteur d’un sens profond. Ce qui s’en va libère un espace, une respiration, une possibilité. À chaque fois que nous laissons partir une chose, une relation, une croyance, nous offrons à la vie l’occasion de circuler à nouveau en nous et autour de nous.
La vraie question n’est peut-être pas : qu’ai-je perdu ? Mais plutôt : quel espace nouveau s’ouvre en moi grâce à ce départ ?
Et si, derrière chaque perte, se cachait une promesse silencieuse : celle de nous rapprocher un peu plus de nous-mêmes, et de ce dont nous avons réellement besoin.
Laure Martinak Taillandier



